DOLUS D’OLÉRON, D’UNE RIVE À L’AUTRE…
Bordée par la mer à l’est et à l’ouest, la commune, avec près de 3000 ha, est la plus importante du canton Sud en terme de superficie. Son territoire se partage entre bois, marais et cultures : vignes, vergers et maraîchage.
Le développement du tourisme a largement contribué au développement même de la commune par une urbanisation importante du centre-bourg et de ses différents hameaux et parfois au-delà. Nombre d’habitations se sont ainsi construites au plus près de la mer et des plages donnant naissance à de nouveaux lieux résidentiels.
Néanmoins, une commune c’est aussi une histoire et un patrimoine. Aussi, nous vous proposons la découverte de ce patrimoine en notant bien que le vélo et la marche en sont les meilleurs outils et que ce qui suit n’a pas un caractère exhaustif.
PROMENADE DU BOURG
La visite d’un bourg commence souvent par la découverte des édifices les plus remarquables ou les plus visibles et le point de départ pourrait en être l’office du Tourisme.
Il suffira alors de quelques pas pour se trouver face à l’église.
ÉGLISE SAINT-ANDRÉ
L’origine de cette église est peu connue. Son existence est attestée à la fin du XIVe. Après avoir été détruite en 1562, elle fut reconstruite dans son état actuel et agrandie de 1779 à 1789. Son élégant clocher, de type saintongeais, le seul de l’île, a été édifié en 1713.
À l’intérieur, on peut s’attarder sur de remarquables objets mobiliers dont certains ont été classés. Ainsi, à droite, dans la chapelle Saint-André, on peut admirer un magnifique retable du XVIIIe, en bois doré, restauré en 1977.
Voir aussi, au-dessus du maître autel, une grande toile datée de 1865 et signée Omer Charlet(1), peintre d’origine oléronaise. Elle représente la Vierge à l’enfant sur une estrade et entourée des saints honorés dans l’île : André, Georges, Trojan et Pierre. Au premier plan, Clémence de Hongrie et Thérèse d’Avila. Elle porte l’inscription « Benedicte sit insulie. Nostre Olerum »(2). Cette œuvre n’est pas sans rappeler une composition du Titien conservée dans l’église des Frari à Venise.
L’église possède également un bel orgue, à l’origine orgue de salon, construit en 1905 par Charles Mutin. Le Dolusien Pierre Nadeau a procédé à sa restauration et à de nombreuses modifications. La tuyauterie est due au facteur Boisseau de Poitiers. L’inauguration a eu lieu en 1979.
Un autre tableau, dû aux pinceaux de Armand-Dumaresq(3) est daté de 1854 représente « Le Christ mort ». Il est accroché près des Fonts baptismaux. Il mérite une réelle attention tant pour le sujet et une grande puissance d’expression que pour le talent du peintre.
Ne pas oublier la note de modernité avec les vitraux du Maître verrier Félix Razin, atelier de Nantes.
(1) Pierre-Louis-Omer Charlet, dit Omer Charlet est né le 2 janvier 1809 au Château d’Oléron.
À Paris, à l’école des Beaux-Arts, il fut l’élève d’Ingres et de Gros qui lui donnèrent le goût des fresques historiques. Peintre accompli, médaillé au Salon, plusieurs de ses toiles furent achetées par l’État. Il est mort à Paris en 1882. D’autres églises de l’île d’Oléron possèdent des œuvres de ce peintre.
(2) « Que notre île d’Oléron soit bénite ».
(3) Charles-Édouard Armand-DumaresQ (1826–1895) : peintre et dessinateur français né et mort à Paris. Elève de Thomas Couture. Il dessine et peint d’abord des sujets religieux puis principalement des sujets militaires. Membre du jury international de l’Exposition universelle de Paris en 1867. On trouve ses œuvres au musée du château de Versailles et au Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale et au musée de la Coopération franco-américain à Blérancourt dans l’Oise. Un de ses tableaux, Signature de l’indépendance des États-Unis, se trouve dans la salle de réunion du Cabinet présidentiel à la Maison Blanche.
CIMETIÈRE
Après cette visite de l’église, s’arrêter un instant au cimetière où sont enterrés des soldats anglais, naufragés du bateau « Lancastria », bombardé et coulé en quelques minutes par des avions allemands à la sortie du port de Saint-Nazaire. Les victimes ont été ensevelies dans les cimetières depuis la côte de Jade jusqu’au sud de Royan.
Dans la nuit du 17 juin 1940, au large de Saint-Nazaire, le Lancastria, est bombardé par l’aviation allemande. La malchance fait qu’une bombe tombe dans la cheminée du navire. Le navire coule en 24 minutes.Le naufrage fait officiellement état de 5 200 morts mais certaines sources avancent jusqu’à 7 000, en grande majorité des soldats britanniques. On compte 2 477 rescapés de cette catastrophe longtemps occultée. Il s’agit de l’un des naufrages les plus meurtriers de l’histoire de cette guerre.
MAISON AUX SYMBOLES MAÇONNIQUES
Au 4 de la Grande-rue, face à l’Hôtel de Ville, une belle demeure, actuellement occupée par une agence immobilière, est particulièrement intéressante. La façade est richement décorée et ornée de nombreuses sculptures.
Un cartouche, au-dessus de la porte d’entrée, indique la date de 1892. Chaque linteau de fenêtre est orné d’un décor particulier. À droite, on peut voir, sur l’un des ornements de linteau, les symboles maçonniques qui laisseraient à penser que le sculpteur (ou le propriétaire des lieux) était franc-maçon. La présence d’un balcon en pierre, sur consoles, et très ouvragé, est tout à fait exceptionnelle.
MONUMENT-AUX-MORTS
Le monument-aux-morts de la Première Guerre mondiale, œuvre d’André Vincent, sculpteur oléronais, présente une paysanne coiffée d’une kichenotte (kissnot) avec son fils devant la tombe de son mari, symbolisée par un casque posé sur des lauriers, seul élément guerrier de la composition. Par un geste de la main, dirigée vers l’inscription « Souviens-toi » elle rappelle le sacrifice d’un père pour sa patrie.
DE L’EST À L’OUEST
Pour aller d’une rive à l’autre et partir à la découverte de l’ensemble du territoire de Dolus et ses richesses, on peut privilégier l’utilisation de la bicyclette. L’incursion dans les différents hameaux et lieux-dits de la commune, l’accès aux sites remarquables et aux plages seront ainsi facilités grâce aux nombreuses pistes cyclables qui sillonnent l’île.
On peut commencer cette excursion par l’Est. Sortir du centre-bourg, par la route des Allards, en direction de Boyardville. Un ancien moulin à vent transformé en habitation témoigne de l’existence de nombre de ces moulins dont les vestiges subsistent sur la commune.
LA CAILLETIÈRE
Immédiatement à la sortie de la ville, on peut voir un grand domaine, la Cailletière, aujourd’hui propriété de la commune. Au XVIe siècle, c’était une habitation seigneuriale qui, selon la description de l’époque, se composait d’une grande maison de maître à plusieurs pièces au rez-de-chaussée et au premier étage, d’une habitation de bordier (laboureur) et comportait des chais, des brûleries, parcs à bestiaux et à volailles.
Le dernier habitant de la Cailletière a été René Roux, maire de Dolus, jusqu’en 1962. Après être passé entre plusieurs mains, le domaine a été transformé en colonie de vacances, puis acheté par la commune en 2007.
À voir également sur ce domaine un très intéressant pigeonnier ou « fuire » en patois saintongeais. Le corps de forme octogonale, dans sa partie inférieure, est surmonté par une tour cylindrique de faible hauteur. L’amorce de la toiture fait penser qu’elle était pointue et sans doute couverte d’ardoises. Les 1780 nichoirs ou burons correspondaient souvent à la superficie du domaine.
LA ROUTE DES HUÎTRES ET LA BAUDISSIÈRE
Dans le village des Allards, qui mérite un arrêt avec ses ruelles et ses vieilles maisons de pays aux pierres apparentes, prendre la route des Huîtres qui, comme son nom le laisse supposer, conduit au cœur même d’un des lieux de production et de commercialisation des huîtres de l’île. Sur cette route, le petit port de La Baudissière où se regroupent, autour du chenal du même nom, de nombreux établissements ostréicoles, est un endroit particulièrement pittoresque. La modernisation des exploitations a provoqué l’abandon d’anciennes petites cabanes en bois. La commune a entrepris d’en réhabiliter quelques-unes au bord de la route pour en faire des ateliers de créations et d’expositions artistiques. Très colorées, elles restent le symbole de l’ostréiculture traditionnelle. Dans l’une d’elles, quelques panneaux présentent l’exploitation du sel et de l’huître ainsi que les oiseaux qui nichent sur la côte.
En traversant le chenal au pont de Tolbiac, près d’une cabane verte, on peut, à travers les parcs à huîtres, aller jusqu’à la pointe de la Baudissière pour découvrir un panorama sur la mer et le chenal. Il offre de très belles vues sur le pertuis où la mer se retire à marée basse pour découvrir, au-delà du platin sablonneux-vaseux recouvert d’algues, les parcs à huîtres.
De nombreuses espèces d’oiseaux viennent hiverner sur cette zone, en particulier les oies bernaches, qui est érigée en réserve naturelle et gérée par la Ligue de protection des oiseaux.
De l’autre côté de la route, s’étendent les anciens marais salants convertis maintenant en « claires » dans lesquelles les ostréiculteurs affinent leurs huîtres.
PONT NAPOLÉON
Continuer la route des Huîtres jusqu’au pont de la Brande. Tout de suite après le pont, à droite, faire une centaine de mètres pour découvrir, niché dans la verdure, le « Pont Napoléon ».
Sa construction remonte à 1776 et n’a donc aucun rapport avec l’empereur. Son appellation reste une énigme. Il fut longtemps le seul ouvrage qui permettait de traverser le chenal de la Brande.
Revenir sur Dolus centre par le même itinéraire pour partir vers l’autre rive. Traverser la route départementale, au rond-point, près de l’Hôtel de Ville, pour prendre vers la Rémigeasse, en direction de la côte Ouest.
MOULIN DE LA CROIX
Toute de suite sur la droite, un ancien moulin qui a fonctionné jusqu’à la dernière guerre mondiale. Les ailes ont été supprimées avec l’enlèvement du toit dans les années 1946/47 pour être remplacées par un moteur diesel jusqu’en 1955.
« LA TOUR PREND GARDE »
De l’autre côté de la rue, la villa « La Tour prend Garde », curiosité probablement unique sur l’île d’Oléron, constitue un témoignage de l’histoire récente de l’île qu’il importe de protéger.
Les maçons italiens, immigrés entre les deux guerres, qui ont fait souche particulièrement à Dolus, ont marqué de leur empreinte et de leur savoir-faire, nombre de maisons oléronaises qu’il est facile de reconnaître notamment par des mouchetis colorés ou par des encadrements de portes et fenêtres en stuc.
LA PERROCHE : LE PRIEURÉ
La Perroche ajoute au charme de sa plage et aux activités nautiques qui s’y déroulent celui d’une chapelle romane construite au XIe siècle. L’édifice a été plusieurs fois restauré à la suite de guerres et de pillages.
Seul le portail semble ne pas avoir été remanié. La façade massive et sans ornements est flanquée d’une tour contrefort qui abritait l’escalier desservant l’ancien campanile aujourd’hui disparu.
Cette chapelle « perdue au milieu des sables » était celle du prieuré fondé sous le vocable de Saint Médard.